L'Environnement, l'Homme et l'Éthique Islamique (7) - Syed Nomanul Haq & Ibrahim Özdemir - Collection CILE - Tawhid

Loin de toute prise de position politique, nous constatons que la situation des politiques environnementales mondiale est en quelque sorte sinistre. En effet, il n’y a pas à ce jour d’accord international juridiquement contraignant pour réaliser une réduction effective des émissions atmosphériques anthropiques dangereuses à partir de politiques concrètes. Un vide s’est installé, par conséquent.

Le monde (et plus particulièrement la région la plus fortement engagée dans une activité industrielle et une consommation massive d’énergie) n’est même pas parvenu à s’entendre sur la manière de lutter contre l’émergence de ce qu’on peut appeler « notre crise écologique », sachant que le terme « crise » n’est nullement une exagération injustifiée.

Pour ma part, je ne me considère ni comme un scientifique, ni comme un décideur politique. La formation que j’ai reçue est fondée sur les disciplines humanistes et j’ai été formé, officiellement, dans le domaine de l’histoire intellectuelle. À présent, quand je considère la crise environnementale d’un point de vue purement historique, j’estime qu’en fin de compte, la crise est d’ordre intellectuel et éthique. Je pense même qu’elle suscite une attitude particulière vis-à-vis de la nature, des sociétés humaines et de l’attitude morale que nous adoptons à l’égard de nos semblables, d’une part, et de la nature, d’autre part.

Dès lors, il me semble que l’attitude agressive de Francis Bacon à l’égard du monde non humain, qui s’est déjà manifestée au xviie siècle, persiste encore de nos jours.

Examinons ces slogans baconiens : « Soumettre la nature », « Forcer la nature à révéler ses lois pour que nous puissions les manipuler et les exploiter », « soumettre le cosmos à la domination humaine ». À notre époque, les attitudes impitoyables consacrées par ces aphorismes se sont probablement atténuées sur le plan du langage. Elles se sont même certainement atténuées en réalité. Mais, dans la pratique, et en ce qui concerne les politiques mondiales réelles, elles semblent persister imperturbablement.

En effet, les questions environnementales sont l’apanage des milieux universitaires, des organismes privés dits « verts », des groupes sociaux, de quelques organes de l’onu et certaines organisations non gouvernementales, et de quelques individus consciencieux. Mais nul d’entre tous ces groupes ne détient aucun pouvoir réel de décision.