- Rupture
Tempête sur Alger: L'expédition de Charles-Quint en 1541 - Daniel Nordman
Au moment de son abdication, en 1555, Charles Quint, l’empereur itinérant, évoque les deux expéditions qui l’ont conduit en Afrique. Mais, contrairement à l’expédition contre Tunis de 1535, célébrée par des entrées triomphales et par les tapisseries de Vermeyen, celle qu’il a organisée contre Alger a été un terrible échec militaire. L’événement, relativement méconnu, y compris de l’historiographie algérienne, est retracé à partir de plusieurs chroniques contemporaines, rédigées, voire traduites dès le xvie siècle, en français, en espagnol, en italien, en latin, en ottoman et en arabe.
Au moment de son abdication, en 1555, Charles Quint, l’empereur itinérant, évoque les deux expéditions qui l’ont conduit en Afrique. Mais, contrairement à l’expédition contre Tunis de 1535, célébrée par des entrées triomphales et par les tapisseries de Vermeyen, celle qu’il a organisée contre Alger a été un terrible échec militaire. L’événement, relativement méconnu, y compris de l’historiographie algérienne, est retracé à partir de plusieurs chroniques contemporaines, rédigées, voire traduites dès le xvie siècle, en français, en espagnol, en italien, en latin, en ottoman et en arabe. L’une d’elles a été écrite par Villegagnon – plus connu pour sa tentative de colonisation au Brésil en 1555-1559, lorsque, chevalier de l’ordre de Malte, il accompagne l’empereur à la fin de 1541, au temps des Barberousse, dans son assaut contre Alger. Elle permet de suivre, dans le détail, les préparatifs, le déchaînement de la tempête, les opérations militaires, la débâcle finale, le rembarquement piteux.
Extrait de l'introduction
Au début du mois d'août, dans la touffeur estivale, chaque année et quatre siècles après l'événement, le souvenir de la bataille des Trois Rois est célébré au Maroc. «Il y a 409 ans Oued El-Makhazine. Une bataille décisive qui a changé la face du monde. En sauvant le Maroc, Moulay Abdelmalek a sauvé l'Islam», dit le titre d'un éditorial. «4 août 1578 - 20 août 1953 : même combat», peut-on lire le lendemain, en 1987, dans ce quotidien, tandis qu'un autre constitue un copieux et utile ensemble de documents historiques. En 1996, un supplément rassemble à nouveau sur plusieurs pages les éléments d'un véritable dossier, comprenant, pour le 418e anniversaire de la bataille de l'oued El-Makhazine : des éditoriaux dont l'un rapproche, selon l'usage, le «sacrifice» de Moulay Abdelmalek (le 4 août 1578) de celui de Mohammed V contraint le 20 août 1953 à un exil forcé, tandis que le second situe et décrit la bataille; des extraits d'Agrippa d'Aubigné, de Montaigne et de l'historien Jacques Auguste de Thou, des textes des Sources Inédites et de Charles-André Julien, un témoignage du médecin juif de Moulay Abdelmalek, une relation figurant dans la chronique Nozhat al-Hadi d'El-Ifrani, diverses illustrations. En 2004, la bataille est encore commémorée à Larache, où le secrétaire général de l'Istiqlal préside le meeting organisé par le parti : la leçon à tirer de cet événement «grandiose» est la mobilisation du peuple marocain pour la défense de l'islam, de la patrie et de la monarchie constitutionnelle. En 2005, une délégation du parti de l'Istiqlal préside à Ksar el-Kébir la commémoration du 427e anniversaire. Rassemblements, conférences, articles de presse, dossiers se sont répétés chaque année, avec une régularité qu'il conviendrait cependant de vérifier. Il n'est pas facile d'évaluer l'impact sur l'opinion, ni les effets pédagogiques d'une volonté assurément politique et nationale. À qui s'adressent ou se sont adressés des dossiers savants s'appuyant sur les meilleures sources ? Le moins que l'on puisse en dire est que l'événement de l'oued El-Makhazine pouvait être connu d'un grand nombre, pour peu que le lecteur ait bien voulu feuilleter quelques pages, aux heures fraîches du matin, à la terrasse d'un café.
De cet effort de mémoire, l'Algérie contemporaine paraît très éloignée. Des légendes longtemps ont circulé. Sidi Bouguedour aurait lancé à la mer une quantité de poteries, assiette par assiette : chacune d'entre elles aurait correspondu à un navire ennemi coulé. Une vieille gravure, que l'on peut, par défaut, qualifier de populaire, montre les marabouts d'El-Djezaïr, Si Ouali Dadda, Sidi Betka, Sidi Bouguedour, debout dans une barque, frappant la mer et provoquant la tempête. Mais la datation est indéterminée. Si la gravure a un auteur, l'idée peut traverser les régimes, et toute conclusion demeure indécise.
Fiche technique
- Année
- 2011
- Nb. Pages
- 702
- Langue
- française
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